Abjat sur Bandiat

En Périgord Vert, au cœur du
Parc Naturel Régional Périgord-Limousin

Histoire


Abjat Sur Bandiat est une petite commune du nord du Périgord, en limite du Limousin dont elle partage nature de sol et couverture végétale à 300 m d’altitude environ. Elle est traversée par le Bandiat. 


La population est de quelque 640 habitants répartis pour moitié dans le bourg et pour moitié dans les nombreux hameaux et lieux-dits qui en dépendent. 
Monsieur Ribault de Laugardière cite en 1888:  
• Les Arnaudies • les Aumèdes • les Bardeaux • Barthouleix • Belle Vue • Bigaumont • la Blanchardie • Bois des Charelles • Bois de la Croix • Bois d'en Pied • Bois des Landes • Bois de Lestrade • Bois du Mas • Bois de Mirandon • Bois de Rhins • le Bost du Play • le Bouchage • les Cautas • Chabanas • Chachat • Chantecorps • la Chapelle Verlaine • la Charelle • Château de l'Étang • le Chatenet • la Collina • la Combette • Domaine de la Malinie • l'Échasserie • Étang Blanchet • Étang de l'Échasserie • Étang de la Forêt • Étang Millau • Étang du Moulin de Lestrade • Fargeas • Forêt de la Malinie • chez Gouyout • Grafeuille • le Grand Gollier • les Granges • Grospuy • la Juvénie • Labrousse • les Landes • Laulandie • Masfraulet • Maumont • la Mazaurie • Ménesplier • le Moulin de Grospuy • le Moulin de Masfraulet • le Moulin de Rhins • le Petit Fargeas • le Petit Peyrat • Peyrat • Pont Chaulet • Pont de la Vigeonie • Puyfromental • Puyzillout • Quartier de Bel-Air • Rhins • la Ripole • la Rivière • la Roderie • Savanat • chez Tarlat • la Vigeonie.

ABJAT ET SES ENSEMBLES ATYPIQUES ET ENIGMATIQUES

Vers 1870 Pierre-Henri Ribault de Laugardière écrit : nous devons signaler un roc branlant, à mi-côte d’une colline entre Savanat, Rhins et Chabanas. Ce monument druidique, élevé sur un renflement de terrain, est complètement isolé et se compose d’une roche de un mètre de hauteur, appuyée et retenue par deux plus petites et surmontée par une table aussi de granit de 2,3 m de longueur sur 1,4 m de largeur et 1,3 m de hauteur. En 1870 et lors de notre première visite, nous fîmes plusieurs fois et par une seule poussée, osciller cette table sur sa base. Mais le 21 juin 1880, nous eûmes la douleur de constater que ce mouvement ne se produisait plus un maçon en ayant détruit l’équilibre.
 
Signalons à Grospuy une « pierre de sacrifice » une cuvette en forme de siège apparaissant sur un bloc de granit aurait pu recevoir le sang de victimes expiatoires, la religion, comme bien souvent, étant très utile pour fournir une explication à ce qu’on ne comprend pas. 
Toujours à Grospuy, à 318 m d’altitude, existe un gros rocher, peut-être une table de dolmen écroulée, appelé traditionnellement « le fauteuil de la dame » ; les explications de ce nom sont variées ; d’aucuns disent que Marguerite de Valois (1492-1549), première épouse du roi Henri IV serait venue s’y reposer ; une autre explication m’a été donnée : une reine ou prêtresse gauloise aurait, à partir de ce siège, exhorté les hommes à se rebeller contre les romains et à rejoindre Vercingétorix. Chacun d’entre nous peut avoir sa propre solution à ce problème !
 
Un ensemble atypique, énigmatique et assez remarquable occupait une boucle du Bandiat au Moulin de Masfrolet, sur ce qui est devenu le terrain de football du camping. Les hommes de cette époque ancienne avaient disposé des blocs de granit en quatre rangées, perpendiculaires au Bandiat. Trois autres rangées étaient perpendiculaires aux premières. 


Ces lignes étaient formées de blocs soit plus ou moins plant tés les uns à côté des autres soit empilés un sur deux. Entre les deux rangées « nord » se trouvait un bloc isolé de section quadrangulaire de 0,30 m par 0,40 m s’élevant à 0,80 m en forme de menhir. A l’entrée de la gorge et en aval se trouvait une fontaine à margelle plate et ronde monolithique.
 
Nous avons à Abjat la fontaine Saint-André, sur la route de Puyzillou qui, selon certains, guérit les maladies de poitrine et selon d’autres, les rhumatismes. Aller simplement y prier Saint-André n’a jamais fait de mal à personne ; peut-être peut-on y retrouver la santé de son âme.
 

LE NOM DE NOTRE COMMUNE
 
Cela commence par une romanisation des noms gaulois et se retrouve dans la toponymie. Le « dictionnaire des noms de lieux du Périgord » dit, pour notre village que «Abjat représente un nom de personne gallo-roman, Avitius ou Apicius suivi de « acum » domaine d’Apicius, ce qui aurait donné Ajat. Au XVIIIe siècle on relève Abjat à côté de Ajac ; on trouve également Abjac puis Abjat de Nontron puis, Abjat et enfin en 1974, Abjat sur Bandiat.
On retrouve la toponymie romaine dans des noms comme Savannat qui s’est appelé Savanac mais le passage du c au t est un fait d’écriture puisque c et t ne se prononcent plus à la finale en occitan.
Les fondations d’une villa ont été localisées à proximité du village de Savannat ; des morceaux de tuiles rouges et poteries y ont été trouvées. Non loin de là, à Chabanas, suite à la démolition d’une vieille maison, il a été découvert une plaque de bronze de six à sept centimètres au carré, portant au milieu et au repoussé une tête de nubien. Cette plaque parait avoir été celle d’un baudrier et doit provenir des légions venues de Nubie (Afrique du nord). Les romains ont bien marqué le secteur car on a trouvé à 100m dudit village, dans la terre dite « des places » de nombreuses tuiles romaines ; par ailleurs des pierres de granit sculptées sont enchâssées dans certaines constructions. M Barrière parle d’une villa à La Roderie et répertorie des fragments de poteries et de tuiles à La Vigeonnie.


 
Après la domination des wisigoths au Ve siècle une nouvelle invasion se dessine, celle des arabes venus d’Espagne. Le danger était grand car c’était un peuple, une religion, un monde ennemi. Charles Martel, allié à Eudes qui les a battus sous les murs de Toulouse, les écrase à Poitiers en 732. De retour vers le sud, dit la tradition, des survivants campèrent près de Rhins où une lourde pierre désignerait la sépulture d’un de leurs chefs. Dans le passé elle était désignée par les gens du pays comme le « tombeau du sarrazin ». Dans leur passage les sarrazins furent d’une telle cruauté que jadis, la suprême injure dans la région était « sarrazi ».


 
Mais le temps passe et les armées également. Les carolingiens ont laissé des traces sur la commune. En effet, le 16 janvier 1965 un agriculteur a découvert un sarcophage en calcaire à proximité du hameau de Savanat. Des ossements y ont été trouvés. Il est intéressant de constater que ce sarcophage était près d’une villa gallo-romaine et de pierres levées. Il est des sites qui attirent l’homme !


NOTRE EGLISE SAINT ANDRE

Abjat a donc son église paroissiale ; elle est placée sous le vocable et la protection de saint André, frère de saint Pierre, dont la fête est célébrée le 30 novembre. Elle aurait dépendu d’un prieuré dont les vestiges la jouxtent au nord. 
L’édifice, de construction originale, se compose de deux nefs accolées ; à gauche une nef du XIIe siècle avec un beau portail en plein cintre doublée à droite au XVe siècle, avec une porte surmontée d’un arc en accolade l’ensemble étant prolongé de deux travées au XVIIe par deux travées formant un double chœur, enfin, la sacristie est bâtie au XIX e siècle. Sur la première travée s’élève un puissant clocher avec un étage octogonal percé d’ouvertures de plein cintre supportant une flèche et des lucarnes en abat-son. 


La toiture a été entièrement reprise et le clocher remonté en 1874. A l’intérieur un sondage a révélé onze couches de peinture superposées. Plusieurs campagnes de rénovation ont eu lieu dans les années entre 1990 et 1993 et ont permis de remettre en valeur l’ancienne litre.
 
La litre funéraire tient son nom du latin « lista » qui signifie « bordure » Le droit de litre appartenait au droit féodal ; il s’agissait d’une bande d’étoffe ou de peinture noire peinte sur le mur intérieur de l’église à l’occasion des funérailles d’une personnalité ; elle pouvait être ornée des armoiries ou du chiffre du défunt (photo 14). Ce droit apparu en 1215, l’Eglise s’appropriant les bâtiments religieux et donnant en échange ce droit à la famille bâtisseuse. Ce droit disparait en 1791. Les litres subsistantes, assez rares, ont donc, au minimum, de 250 à 300 ans et sont particulièrement précieuses à conserver, même si, comme c’est le cas ici, il est bien difficile de retrouver les armoiries peintes et encore plus de déterminer la famille, sans doute éteinte depuis longtemps à laquelle elles appartenaient. On peut donc, maintenant, considérer que cette litre rappel le souvenir de tous les abjacois passés par cette église avant de rejoindre un des deux cimetières de la commune.
 
On peut remarquer dans notre église, à gauche le baptistère et la statue de saint Jean-Baptiste, en pierre polychrome, vêtu de peau de bête et d’une tunique qui distingue un personnage important ; entre les deux nefs, la statue de saint André ; ces deux statues sont de 1604 ; des similitudes esthétiques, surtout la ressemblance des visages, laissent supposer que ces ouvrages sont de la même main. Derrière l’Autel, une niche aménagée dans le mur est destinée à recevoir des objets liturgiques (photo 18). Un superbe vitrail du XIXe, au dessus de la petite porte d’entrée, représente la Trinité (photo 19). Il faut noter enfin que, dans cette église sont inhumés devant l’Autel de la Sainte Vierge Noble Pierre Bruni, seigneur de Grospuy le 05 septembre 1495 ; Jeanne du Verdier, son épouse ; Et Jean Bruni, seigneur de Grospuy et de Lestrade, le 10 juin 1527. En outre, l’abbé Farnier, dans son histoire de Piégut et environs signale que Léonard de Masfrand, curé d’Abjat mort en 1760 est inhumé dans l’église, sous la chaire.
 
La paroisse d’Abjat possédait en outre deux chapelles qui n’existent plus. La première se trouvait en haut du bourg, à l’emplacement approximatif du monument aux morts. Elle avait été construite en l’honneur de saint François. François Texier, écuyer, seigneur de Javerlhac, Abjac, Grospuy et Hautefaye voulut qu’elle fût construite par son testament du 1er novembre 1649. La deuxième chapelle fut bâtie par le même au château de Grospuy.
 
NOS SEIGNEURS ET PROPRIETAIRES

Revenons à l’organisation laïque et à Ribault de Laugardière ; voici ce qu’il nous en dit : Le seigneur suzerain de la paroisse d’Abjat fut le vicomte de Limoges, au nom duquel Alain d’Albret la vendit à Dauphin Pastoureau, seigneur de Javerlhac par acte du 15 mars 1497. Les descendant dudit Pastoureau restèrent d’ailleurs seigneurs d’Abjat jusqu’en 1789. Quant aux fiefs et seigneurs secondaires voici quelques informations à ce sujet.
Grospuy (photo 20) : ce château, dont il reste le principal corps de logis flanqué é d’une tour ronde appartenait avant le XIIe siècle à la famille Brun, puis vendu au petit-fils de Dauphin Pastoureau en 1567 ; le château passa ensuite aux Saint-Aulaire, puis à Mr Guyon et enfin, en 1820, à Mr Duvoisin dont les descendants l’ont vendu récemment.
 
Lestrade : connu depuis le milieu du XIe siècle ; est passé des Brun aux Texier en 1565.
La Malignie : Appartenait avant 1559 à la famille Pécon ; en 1770 le fief appartient à Elie Guithon puis à la famille de Larret qui le vendit en 1843 à Monsieur Gillot-L’Etang dont les descendants l’occupent encore aujourd’hui. Nous y reviendrons.
Labrousse : appartient en 1482 à Alain de Puyzillou.
Savanat : en 1618 ce fief est à Jehan le Reclus ; puis à Henri de Sully, Reimond de Lambertie et, enfin, Pierre de Montalembert.
On peut noter ainsi combien de seigneurs se partageaient Abjat et donc la dimension des fiefs.
Abjat avait sa juridiction particulière ; sans reprendre la liste de tous les magistrats on relève souvent les noms de Desvaux, Mousnier, Viellemard.. comme juges, lieutenants de juges, procureurs ou greffiers.
En outre, il y a un notaire.
 
Le bourg d’Abjat était aussi la résidence d’un sergent royal. Il est temps alors de parler des tragiques évènements dont le bourg, dont on parlait peu jusqu’alors, fut le théâtre en 1640 et pour cela se remettre dans l’ambiance de l’époque.


DATE HISTORIQUE 2 MAI 1640 ET LA LEGENDE
 
Abjat était une localité où le commerce était bien implanté ; toutes les semaines s’y tenait un marché important le mardi, ainsi que des foires importantes plusieurs fois par an ; il s’y vendait des pommes, noix, châtaignes, des grains aussi, froment, seigle, avoine et méteil. Les marchands venaient de loin, c’était un lieu d’échanges depuis la frontière d’Espagne. Etaient vendus des bijoux de Tolède et des étoffes fines achetées aux contrebandiers.
 
Mais dans nos régions le contexte économique devient difficile ; les récoltes sont catastrophiques car de 1630 à 1633 sévissent de grandes intempéries. De plus, sous l’impulsion de Richelieu, le royaume de France est engagé dans la guerre de Trente ans (1618-1648) entrainant des accroissements d’impôts toujours plus impopulaires et des besoins en hommes toujours plus importants pour les guerres. A partir de 1630 on assiste donc à un gonflement conséquent du prélèvement de l’état car les guerres épuisent le trésor. Ces impôts supplémentaires viennent à bout de la patience des mulets, comme Richelieu désigne les paysans.
 
D’après « l’histoire d’Aquitaine » de monsieur de Verneilh François de Vaucocour, capitaine d’une compagn François de Vaucocour, capitaine d’une compagnie de chevau-légers s’étant présenté dans le bourg d’Abjac (sic) à la tête de quelques cavaliers les habitants, craignant que ce fut à mauvais dessein, se soulevèrent. Cependant la troupe de Vaucocour passa outre en se dirigeant vers le Bandiat pour aller, disait-on, enlever une fille du village voisin appelé Fargeas ; mais au passage de cette rivière il y eut un nouvel engagement plus vif que le premier. Plusieurs furent blessés de part et d’autre. Un particulier nommé Simon Masfranc y fut tué ; le capitaine de Vaucocour y perdit la vie. Quoi qu’il en soit du véritable motif de cet évènement on le présenta comme une félonie, comme une sédition contre le service du roi.
 
De là procès devant la cour de Nérac (sud du Lot et Garonne) sous la présidence de M. Etienne Soullé de Prunevant, maître de requêtes, sur les poursuites de Gaston de Vaucocour, frère du défunt, et sentences des 6 et 8 mai 1641. Le sergent royal est condamné à être »rompu et brisé vif son corps attaché sur une roue » deux autres sont condamnés à trois ans de galère, d’autres encore à être « rompus et brisés vifs » ou pendus, au moins en effigie, d’autres encore à la prison. En outre les habitants d’Abjac sont condamnés collectivement à payer 5 000 livres au Roi pour la réfection du château de Nérac et 3 000 livres pour faire prier Dieu pour l’âme du défunt. 
Ce n’est pas fini ; les cloches du bourg d’Abjac seront descendues, la principale sera portée en l’église de Thiviers en la chapelle où le dit seigneur de Vaucocour a été inhumé et les autres cloches portées à Limoges. « Déclare les dits habitants d’Ajac déchus de leurs foires et marchés que leur halle sera démolie et qu’à sa place sera érigée une pyramide sur laquelle sera gravée le présent jugement ; a-t-elle été érigée ? Il n’en reste aucune trace ni aucun souvenir. 
En outre les habitants sont condamnés à 15 000 livres de dommages et intérêts et aux dépens. Plus tard et après avoir traité avec les héritiers du défunt au prix de 28 000 livres les habitants d’Abjat eurent recours à la clémence royale et obtinrent en août 1644 des lettres d’abolition qui permirent aux fugitifs de rentrer dans leurs familles.


 
Le procès verbal dressé par François de Lauvergnère, écuyer, seigneur de Lagrève, maréchal-des-logis de la compagnie de Vaucocour, ne parle, lui, que d’une affaire de logement de troupes chez l’habitant sans évoquer une histoire de femme.
 
La tradition locale qui mérite aussi d’être entendue dit que le seigneur de Vaucocour, dédaignant les avertissements, aurait continué vers Fargeas pour enlever une jeune fille et qu’arrivant au Bandiat ou 3 ou 400 villageois l’attendaient aurait eu lieu un engagement au cours du quel le fils du chirurgien aurait, d’un coup de carabine, tué M. de Vaucocour dont le cadavre aurait été immédiatement enseveli dans le lit de la rivière. Une vieille complainte populaire racontait cet évènement toujours présent dans les esprits des abjacois.
 
D’après Monsieur Fayemendie, le meurtrier de François de Vaucoucour et le sergent royal ont bien dû être exécutés à Nérac le 6 ou le 7 mai 1641. Le sergent royal qui n’en pouvait mais paya de sa vie ce que d’autre paient aujourd’hui par déplacement, mise à la retraite ou révocation. 


Un autre a bien dû faire ses 3 ans de galères… quant aux autres prisonniers et aux 16 contumaces nous n’avons aucun document écrit relatant ce qu’ils étaient devenus. Mais la tradition orale veut que cératines aient été retrouvés, arrêtés, roués ou pendus sur la place d’Abjat. A l’appui de cela, la découverte lors de la construction de la poste, en face de l’église et ou se trouvait le cimetière, de squelette dont les vertèbres cervicales étaient largement séparées, laissant croire à des pendaisons ; certains os brisés pouvaient laisser penser que les défunts avaient été rompus.
 
La cloche partie pour Thiviers serait, selon la légende, tombée dans la Dronne au saut du Chalard et sonnerait tous les ans le Jeudi Saint à 14 heures. Quant à la jeune fille, nommée Claire car elle avait la peau si claire que l’on voyait couler le vin dans son gosier quand elle buvait, portant le voile de veuve son fiancé ayant péri dans l’affrontement, elle aurait fini sa vie à Thiviers, au service des Vaucocour et serait inhumé à côté du capitaine...Son âme apparait sous la forme d’un grand oiseau blanc, une dame blanche dans le clocher d’Abjat ; quant au seigneur de Vaucocour, il a pris la forme d’une énorme couleuvre rousse.
 
Après 1644 une halle fut reconstruite où se tenaient trois puis douze foires ou marchés le dernier mardi de chaque mois et le premier lundi de décembre, puis elle fut probablement rebâtie en armature métallique au début du XXe siècle. Mais le marché est resté à Piégut et est toujours un des plus importants du département. A noter que le tribunal est devenu propriété de la famille Masgpndeau.
 
UN ABJACOIS CELEBRE

Mais l’histoire d’Abjat ne s’arrête pas en 1644. En 1663 nait à Abjat Jean Léger de la Grange ; il s’embarque en 1687 pour le Canada comme chirurgien sur un bâtiment nommé « La Vierge » ; il se marie au Québec avec Marie-Louise Fauvel qui lui donne cinq filles puis décède en 1702 ; Notre aventurier, de retour au pays, épouse Marie des Réaux à La Rochelle en 1721. Il est marchand, capitaine de navire et sera nommé capitaine de flute par le roi. Il meurt à La Rochelle le 16 juin 1721, quelques mois seulement après son remariage.
 
Nous voilà en 1795 ; la révolution est passée, le Consulat s’est installé ; la liberté des mœurs se répand avec les incroyables et les merveilleuses, mai 1968 n’a rien inventé ; Robert Fayemendie écrit « Dans ce contexte contre-révolutionnaire les arbres de la Liberté vont être visés, abattus, brulés par des particuliers ; un des exemples en est Abjat ; le 11 germinal an III (31 mars 1795) l’arbre de la Liberté est abattu et brulé aux cris de Vive le Roi, les officiers municipaux qui veulent intervenir sont enlevés puis les émeutiers se laissent aller au brigandage. 
A la suite cinq hommes et six femmes sont arrêtés et emprisonnés à Nontron ; ce sont : Jean Rougier, d’Abjat, Jean Puijaria de La Brousse, Jannicot, de Puisillou, Léonard Faure de Peyrat, Jean Dubois, de Masfrolet, la veuve Monmoulineix de Peyrat et la femme de Pierre Chamoulaud également de Peyrat accusés d’avoir commis les troubles ; La veuve Richard et sa fille, de La Mazaurie, l’épouse de Sicaire Doumain, de la Vijonie accusées d’avoir excité les troubles. On n’en connait pas les suites judiciaires.
 
Mais l’économie d’Abjat est aussi marquée par les moulins ; moulins à eau qui font surtout de la farine de céréales ; il faut citer Maumont, Rhins, chez Pey, Masfrolet, Chantecor...
Et par les forges, car c’est ce que signifie le nom de Fargeas.
 
LE CHATEAU DE L’ETANG
 
Malignie à monsieur de Larret-La Malignie puis La Besse. Il va créer un ensemble économique avec bois et forêts, élevage et culture et installe en outre une distillerie pour traiter du sorgho et faire de l’essence de géraniums ; finalement, ce sont des betteraves qui fourniront de l’alcool. Mais au milieu de son domaine monsieur Gillot-L’Etang décide de construire un château auquel il donnera son nom : L’Etang, connu souvent dans le pays comme château de la Malignie. 
C’est un gros chantier qui s’ouvre ; les plans établis par monsieur Régnault, architecte à Nontron sont signés en 1846 et madame Gillot-L’Etang mettra au monde sa fille dans la maison en 1849, le chantier est donc quasi terminé. 
Le château est presque entièrement réalisé par les artisans d’Abjat et de la région dont on admire encore aujourd’hui la compétence et c’est dire que la plupart des vieilles familles de notre bourg ont un ancêtre qui a travaillé sur ce chantier qui comprend une fontaine, la fontaine sainte Solange, dans les bois de La Malignie.